Joassard O, Coatantiec E, Kerveillant A-L, Jabbour V, Desjeux G, Braithwaite B, et al. Congrès DSVR 2022, P31 (Novembre 2022)
Introduction: La grossesse représente une période à risque de Maladie thrombo-embolique veineuse (MTEV), majoré en post-partum. La MTEV était en 2009 la deuxième cause de mortalité maternelle et la seule pour laquelle le nombre de décès n'a pas diminué au cours des dix dernières années (1). La Compression veineuse élastique (CVE) fait partie des méthodes de prophylaxie mécanique de la MTEV prescrite chez les femmes enceintes et en post-partum. La Haute Autorité de santé (HAS) en recommande le port au cours de la grossesse et jusqu'à six semaines après l'accouchement, voire six mois en cas de césarienne (2). Dans ce contexte, cette étude dresse un état des lieux de l'utilisation de la CVE, en vie réelle, chez la femme enceinte et en post-partum à partir de l'EGB.
Méthode : Une analyse des délivrances de CVE aux femmes enceintes, âgées de 15 à 49 ans en début de grossesse, entre le 1er juillet 2017 et le 15 juin 2018 a été réalisée. Cette population a été identifiée avec un algorithme éprouvé et adapté aux besoins de l'étude (3). Les dispositifs de CVE (chaussettes/mis-bas, bas, collants) ont été identifiés parmi les orthèses de série selon le prix ou des combinaisons de prix. Les variables qualitatives ont été décrites par leur fréquence (%).
Résultats : Sur la période analysée, 15 528 grossesses ont été identifiées: 7252 accouchements (nouveau-né vivant, mort-né ou interruption >22 semaines d'aménorrhée [SA]), 2734 interruptions et 5542 à issue inconnue ; 5517 délivrances (correspondant à au moins un dispositif de CVE indépendamment du format) ont été effectuées à 4919 femmes (soit 31,7 %) dont 63,0 % entre les 5e et 8e mois de grossesse. Les prescripteurs les plus fréquents étaient les gynécologues obstétriciens. Les délivrances augmentent avec l'âge jusqu'à 39 ans (9,4 % [<20 ans], 26,6 % [20-29 ans] et 36,1 % [30-39 ans]). Le format ‘bas' est plus fréquemment délivré que les ‘chaussettes' et les ‘collants' (62,2 %; 49,3 %; 18,0 %, respectivement incluant les délivrances mixtes). Parmi les femmes ayant accouché, 43,1 % ont eu une délivrance en ante-partum contre 17,3 % après accouchement par voie basse, 46.7 % après césarienne programmée et 44,1 % après césarienne non programmée. Parmi les femmes présentant des facteurs de risque de MTEV ou ayant des antécédents de MTEV, 46,6 % et 56,7 % ont eu, respectivement, une délivrance en ante-partum.
Discussion : Cette étude visait à déterminer le profil des femmes enceintes utilisatrices de la CVE (quelle que soit l'issue de la grossesse) et le suivi des recommandations de la HAS en vie réelle. L'algorithme a été modifié pour prendre en compte les grossesses n'ayant pas donné lieu à un accouchement identifiable dans la base (hors établissement, grossesse >22 SA sans accouchement). Cette analyse montre que la CVE n'est pas suffisamment délivrée quel que soit le niveau de risque de la population (seule 1 femme sur 2 est équipée parmi les femmes présentant au moins un facteur de risque ou un antécédent de MTEV) et le niveau de risque de la période analysée (seule 1 femme sur 5 est équipée en post-partum après un accouchement par voie basse).
Conclusion : Cette étude est la première à dresser un état des lieux de l'utilisation de la CVE chez la femme enceinte et en post-partum à partir de l'EGB. Les résultats soulignent une discordance entre la prise en charge de ces femmes en vie réelle, et les recommandations de la HAS, quel que soit le niveau de risque. Des actions de sensibilisation auprès des prescripteurs pourraient être nécessaires.
(Résumé pour poster) Joassard O, Coatantiec E, Kerveillant A-L, Jabbour V, Desjeux G, Braithwaite B, et al. Etude ProFIL - Evaluation de l’utilisation de la compression veineuse élastique chez la femme enceinte et en post-partum, une étude nationale sur l’Echantillon généraliste des bénéficiaires (EGB). Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 2022;70:S293–4. https://doi.org/10.1016/j.respe.2022.09.032.
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